La Gran Chiquitania – blanche neige et les 7 nains

Ah le bassin amazonien avec ses plaines, sa chaleur tropicale, ses moustiques, ses immenses forêts, ses voitures individuelles. Fini les altitudes vertigineuses, les hauts sommets, les lamas, les grandes étendues arides, les transports collectifs. Nous mettons les pieds dans une autre Bolivie, bien différente de celle connue jusque là, une Bolivie qui sent bon les vacances. Bienvenue en Oriente (la Bolivie des plaines amazoniennes) par opposition à l’Occidente (la Bolivie des hauteurs). Tellement opposées que des clivages existent entre ces deux parties. Toutes les places de villages de l’Oriente arborent fièrement un poteau “Autonomia”, réclamant l’autonomie de cette région bien plus riche et prospère.


Nous mettons cap sur les missions jésuites, en Chiquitania (dénommée ainsi pour la petite taille de ses habitants dans un référentiel européen). En effet, au début du 17è siècle, les jésuites s’implantèrent dans cette région mal connue. Le plus célèbre d’entre eux, le père suisse Martin Schmidt bâtit, grâce à ses multiples talents, plusieurs missions de la région. Egalement inventeur et concepteur d’instruments de musique et de partitions, il a laissé à la région un immense héritage musical. Au 18è siècle, lorsque les Espagnols comprirent l’étendue du pouvoir des jésuites, les missions furent dissoutes. Seul héritage préservé : les différentes églises, toutes construites de bois et d’adobe selon un même plan. Elles sont sobrement mais fraîchement décorées.

San Javier, Concepcion, San Ignacio de Velasco, Santa Ana, San Jose de Chiquitos, Santiago de Chiquitos, … ces petits villages sont d’un calme absolu, presque figés dans le temps. Il n’y a généralement pas d’autre point d’intérêt que l’Eglise qui s’ouvre sur une jolie place centrale abondamment arborée. De part et d’autre, des maisons de plains pieds, aux façades blanches ornées d’une discrète frise finement peinte, et bordées d’arcades en bois joliment travaillées. Les passages ombragés ainsi formés sont indispensables pour se protéger du soleil de plomb.
Egalement figé dans le temps, les Mennonites, adeptes d’un courant chrétien évangélique fondé en Hollande au 16è siècle. La communauté bolivienne implantée dans cette région est la plus importante d’Amérique du Sud. Elle est également la plus conservative. Il n’est donc pas rare de croiser des Mennonites qui vivent avec quelques siècles de retard, refusant tout modernisme. Pas de voiture, peu d’automatisation, pas de portable ni d’internet. Bien reconnaissables par leur uniforme identique de “petits saints”, leur peau d’une blancheur hollandaise et leur dialecte spécifique. Ils vivent entre eux, à l’écart de la population, essentiellement d’agriculture. Quel fou rire lorsqu’on a vu un Mennonite à cheval à une station service. Ben oui, lorsqu’on a pas de voiture, on prend son cheval et sa charrette pour remplir son bidon d’essence. Certaine fois, l’appareil photo ne se dégaine pas assez vite !



Parmi les missions visitées, un vrai coup de cœur pour San Ignacio de Velasco, petite ville charmante et un peu plus animée que ses voisines. Les deux roues, le moyen de transport de la région, laissent planer un ronronnement permanent, seul trouble à la tranquillité de la ville. Pour y échapper, rien de mieux que de trouver refuge dans un hamac du joli patio de l’Appart Hôtel, avec éventuellement un petit saut dans la piscine. Ici, patios arborés et hamacs font partie de l’indispensable du kit de survie. Dure la vie !


Un peu plus loin, sur la route du Brésil, après avoir traversé une nature exceptionnelle composée d’une alternance de forêts tropicales, de plaines marécageuses et de passages vallonnés (la région du Pantanal), voici Santiago de Chiquitos. La mission la plus éloignée de Bolivie mais pas la plus impressionnante. Le cadre naturel y est en revanche spectaculaire. Une petite exploration des environs puis une descente par un chemin de traverse (qui était normalement une piste !) vers Aguas Calientes, un lac d’eau chaude. Une eau à 35°c n’est pas forcément très attirante par cette chaleur mais n’est finalement pas désagréable à la tombée de la nuit.


Toutes les bonnes choses ayant une fin, il faut reprendre la route. Dire au-revoir à cette Bolivie paradisiaque et repartir pour un long périple retour en voiture. Les offres de transports collectifs étant en effet rares dans cette région, il est difficile de se déplacer autrement qu’en voiture individuelle.