Corse en vélo 2018 – Une semaine et deux roues

J0: Aix en Provence – Marseille

Première fois en cyclotourisme pour tous les quatre, il nous aura fallu un peu de temps pour définir le matériel nécessaire. Le montage des porte bagages sur des VTTs n’a pas non plus été facile pour tous, mais nous y sommes arrivés. (J’ai envisagé de partir sac au dos un moment). Des gentils collègues nous ont prêtés des sacoches. En revanche, la nouvelle tente commandée pour l’occasion arrivera à Aix un jour après notre départ… Idem pour les pneus “typés route” à monter sur nos magnifiques VTT qui eux aussi, n’arriveront pas à temps.
C’est donc en branle-bas de combat que ça se termine chez Décathlon 6h avant le départ du bateau pour acheter des pneus Btwin. Changement de pneus et chargement des vélos, et nous voilà partis pour le port de Marseille.

Pneus changés, vélo chargé!

L’embarquement à Marseille se fait sous la pluie, sur les docks, à l’embarquement des voitures. Le départ est prévu pour 18h, mais présentation demandée à 16h. En arrivant, on nous annonce que le bateau sera en avance, qu’il faut se dépêcher. Vite vite vite. On monte au plus vite, et on accroche nos vélos dans un coin du pont voiture. NB: Finalement, on partira avec une bonne demie heure de retard… On suppose que c’est du bleuf pour les passagers soient plus efficaces!

Le bateau, Paglia Orba de son petit nom (Corsica Linea), n’est pas de première jeunesse. Ça sent la moquette des années 90, un peu délavée, mais tant que ça flotte… Nous n’avions pas pu réserver de cabines, on termine donc “à la Kosovarde” sur la moquette. Et finalement, C’est pas si mal que ça.

On n’est pas bien là ?

J1: Porto Vecchio – Porto Vecchio: 33km

La nuit n’a pas été si mauvaise que prévue. La mer a été clémente et le bateau calme. Aujourd’hui, au programme, mise en jambe tranquille: On file au premier camping trouvé (U Stabiacciu) pour poser la tente et les bagages. Puis visite de Porto Vecchio et petit déjeuner bien mérité. La vieille ville est mignone, mais toute petite! On en a vite fait le tour. On reprend nos vélos pour voir notre première plage corse: Palombaggia (on la retrouvera sur toutes les cartes postales par la suite). Superbe plage, et peu de monde en cette saison. Le lieu invite à la pause.

Palombaggia

Sur le retour, nous faisons un crochet par le site préhistorique de Tappa, sur la route d’Ajaccio. On nous avait mis en garde, les sites de ce genre sont souvent décevants… En effet, rien de bien fou, quelques gros cailloux sur un beau promontoire. Mais ils devaient être bien installés là à l’époque.

Premier jour en Corse, on se tente sur une petite bière locale, qu’on ne quittera plus du reste du séjour, la Pietra.

J2: Porto Vecchio – Bonifacio – Porto Vecchio: 51km

Ah, Bonifacio … On ne voulait pas rater ça, mais c’était pas vraiment sur l’itinéraire logique… Des bus, le dimanche, il n’y en a pas, le taxi était une option, mais c’est pas donné. On avait surtout peur que ça fasse long en vélo et que la route soit dangereuse. Finalement, après une première journée plutôt concluante sans les sacoches, on opte pour l’option vélo. C’est parti pour 25 bornes aller, idem retour. La route n’a rien d’exceptionnel, mais on ne regrette pas! D’une, la route s’est faite toute seule (merci le changement de pneus), et de deux, Bonifacio, maaaaaa… un régal!!
Cette citadelle posée à même la falaise calcaire, d’un blanc… La géographie du lieu est incroyable, la mer découpant la terre. Des grottes en veux-tu en voilà… On a déjà pris RDV en septembre pour revenir avec les kayaks.
La vieille ville a été un peu “trusté” par le tourisme, avec des restaurants un peu partout. Mais à chaque coin de rue, une nouvelle vue, imprenable sur la mer et les falaises. Et au loin (enfin, 10km), la Sardaigne.

Bonifacio

Une petite visite aux îles Lavezzi nous a été conseillée. Elles s’accèdent en bateau promène-cou***ons (que nous sommes). Toute la zone est une grande réserve naturelle. Surprise à l’arrivée sur l’île, le décor change complètement: Adieu calcaire, bonjour granit. Toute l’île n’est qu’un amas de roches granitiques aux formes les plus improbables. Site de bloc majeur comme diraient certains, un terrain de jeu sans fin en tout cas, avec de très belles plages aux eaux turquoises.

Le bateau du retour (il y a du monde pour celui là) passe le long de l’île Cavallo, et surtout le long des falaises jusqu’à Bonifacio, avec une incursion dans une grotte aux fonds d’une couleur turquoise excepionnelle. Il parait même qu’un trou au plafond de la grotte représente la forme de la Corse.
Le retour en vélo se ferra juste avant la nuit. Une belle journée. On se réconforte au saucisson corse et à la Pietra.

J3: Porto Vecchio – L’Ospédale: 32km et quelques courbes…

La journée tant redoutée… Plus de 1000m de déniv… Et surtout, première journée avec les sacoches.
Après une petite révision mécanique (régler les freins avant une étape de montée, j’vois pas l’intérêt, mais bon), nous voilà parti pour une première section de “plat” jusqu’au Castellu d’Arraggio, ruines mégalithiques. Le lieu est plaisant, et le point de vue embrasse toute la baie de Porto Vecchio.

Mais le gros de la journée nous attend: La montée de l’Ospédale. Une belle petite côte, qui finalement se passera sans encombres, et avec les encouragements de certains locaux en chemin. La dernière portion dans le village de l’Ospédale est particulièrement raide, mais la vue là haut vaut le détour. Et en sortant du village, la végétation change d’un coup. Adieu la densité du maquis corse de ces derniers jours. Bonjour les belles forêts clairsemées. Un terrain de CO de rêve!

Dernière petite côte pour arriver au “Refuge” de Cartalavonu. On a bien mérité une petite Pietra! Fraiche et en pression, s’il vous plait! Ce soir, en plus, on dort au chaud et au sec. La météo se gatte pour les prochains jours, et il n’y a pas de camping aux alentours (Zonza au plus près). La demi-pension du “Refuge” (c’est son nom), s’impose comme un bon choix. Et malgré une critique négative dans les guides et forums, l’accueil a été sympathique, et le repas super et en abondance. On s’est même vu offrir une petite liqueur de mythe maison pour le digeot.

J4: L’Ospédale – Zonza: 51km

7h, le soleil filtre a travers les volets. C’était plutôt inattendu. On en profite pour filer faire un tour au Pic de la Vache Morte, superbe sommet granitique du coin. Un paradis de cailloux, et un régal pour les yeux, on balaye de Bonifacio (ou presque) jusqu’aux ailguilles de Bavella.

Le Pic de La Vache Morte

Après un bon gros petit déjeuner, petit atelier mécanique, et la journée peut commencer. La petite étape sur le papier nous permet de traîner en chemin le long du lac de l’Ospédale, où la route serpente gentillement. Un régal de rouler sur du plat après la côte d’hier.
On profite aussi pour aller voir la Piscia di Gallo, incontournable cascade locale. Beaucoup de gens (mais il faut s’imaginer qu’en été, c’est juste l’orgie). La chemin (1h aller retour) est plaisant, et le final un peu vertigineux pour arriver au bas de la cascade.

Les nuages commencent à jouer autour de nous, la pluie n’est pas loin. 12h, on file à Zonza. Recherche d’un camping, il y en a 4: Le municipal fermé hors saison. Deux autres en contre bas de Zonza qui ne nous tentent pas, et celui de La Rivière. La pluie commence a s’installer quand on y arrive. Pas mécontents d’arriver. Accueil chaleureux par la propriétaire qui nous propose un abri en dur pour nous poser, et même y dormir. Grand luxe. La gérante nous compte ses déboires météorologiques. Il n’arrête pas de pleuvoir depuis novembre… (nous sommes en Mai). On sent la déprime. Mais on y voit le côté positif: Tous les paysages qu’on voit depuis le début sont très verts, et avec plein de fleurs! Un régal pour les yeux.

18h, accalmie, un micro coin de pas-gris se dégage au loin. Sous l’impulsion de Rémi, on se dit que c’est maintenant ou jamais de monter au Col de Bavella pour voir les fameuses aiguilles éponymes de plus près. Contre-la-montre dans le brouillard sur les 500m de déniv qui nous séparent du col, et on profite juste avant la nuit de quelques éclaircies sur ce qu’on croit être les aiguilles. On comprendra finalement à Ajaccio (merci les cartes postales) que les aiguilles sont visibles depuis Zonza, et que du col de Bavella, ce qu’on a vu, ce n’est qu’une toute petite partie des aiguiles. Mais ce soir, on y a cru, et on se dit qu’on les a vues.

Notre Dame des Neiges

Le montage de tente non-autoportante sur le béton nous procure un bon fou-rire de groupe. On dormira dans un espèce de nid de Marsupilami plus qu’une tente.

J5: Zonza – Sartène: 70km et beaucoup de descente

Malgré la météo capricieuse de ces derniers jours, il a toujours fait plutôt beau les premières heures du jour. Du coup, le réveil sonne à 6h, et on se re-tente une montée au col de Bavella, tous les quatres cette fois-ci, pour tenter de (re)voir les aiguilles. Têtus pour têtus… Mauvais plan. On est dans le nuage du début à la fin, on voit à peine le panneau du col et Notre Dame de la neige… Faux plan!

Sur la route

Journée maussade en prévision. On charge les vélos vers 10h, et on prend la route en balcon jusqu’à Aullène. C’est gris, la visibilité n’est pas folle. Pas de vue (mais elle doit être splendide par beau temps). Beaucoup de motos sur les routes de Corse depuis le début de notre séjour. Entre ça et les voitures de course type McLarren et Ferrari qui font chauffer les moteurs dans les côtes, le côté paisible de notre expédition est parfois mis à mal.

La pluie arrive à midi, pause improvisée dans un restaurant d’Aullène (pas d’épicerie pour se casser la croute). On laisse passer l’averse en se partageant une assiette de fromage/charcut’ (bilan calories bonjour…).

On revient jusqu’à Sorbollano, et s’en suit une longue et génialissime descente jusq’à Zoza. La route est étroite, mais bonne, sans circulation, et se faufile à flanc jusqu’au fond de la vallée. Le soleil refait son apparition. Nous sommes sortis des montagnes, le mauvais temps est derrière nous. Zoza est lové à flanc de montagne, paisible. Le village corse par excellence.

Zoza

Petite pause à Sainte Lucie de Tallano, village touristique (on y trouve des cars entiers de retraités pour la première fois) tout mignon. Des milans royaux tournent en orbite basse au dessus du village, pour le grand plaisir des touristes. On dévalise la rayon charcut’ d’une petite épicerie sur la place du village. Super accueil, on recommande!

La dernière descente du jour nous mène au Camping “La Rivière” (et oui, encore) quelques 10 kilomètres avant Sartène. Ambiance ferme, on se pose où l’on veut. C’est un peu sommaire, mais le soleil est là, et on clôture cette journée avec une nouvelle Pietra et la charcut’.

J6: Sartène – Campomoro: 33km

Journée courte avec au programme, visite de Sartène et de la tour génoise de Campomoro.

On traîne un peu au démarrage, le soleil est là, ça fait du bien. Une bonne montée pour arriver à Sartène, “la plus Corse de Corse”. La vieille ville est un dédale de petites rues. Malgré le côté austère de la pierre sèche grise qui compose les bâtiments, la halte est plaisante. Passage par une boulangerie pour le repas de midi, Ambrucciata au menu.

Sartène, et les collections de motos

La route de l’après midi fait partie des plus belles du voyage, passant par Grossa et Belvédère-Campomoro. Peu de circulation, une route qui serpente dans le maquis corse, avec encore de beaux blocs granitiques ça et là. Un régal. La dernière descente sur Campomoro offre une vue imprenable sur toute la baie de Propriano. Le soleil est là, les couleurs sortent, la route descend, du pur plaisir.

On élit domicile au camping les Roseaux (le seul ouvert hors saison), où l’on s’installe avant de repartir à l’assaut de la tour génoise (la plus imposante de Corse, dixit Le Routard). Belle balade dans le maquis et superbe vue depuis le haut de la tour. En contrebas, encore des blocs granitiques aux formes improbables se prêtent pour une séance photo.


Fin de journée en terrasse autour de la Pietra quotidienne.

J7: Campomoro – Porto Pollo: 53km

10 kilomètres nous séparent de notre camping de ce soir. A vol d’oiseau! Il nous faut juste faire le tour de la baie de Propriano, en commençant par la côte dévalée du Belvédère hier. Bel échauffement.

L’approche et la sortie de Propriano sont assez désagréable en vélo, sur la T40. Beaucoup de circulation, des camions (on en avait oublié l’existence), ça roule vite, et pas trop de place sur le bord de route. La ville de Propriano n’a rien d’incontournable. On n’y passera que pour faire les courses du repas de midi. Les deux côtes (entrée et sortie de Propriano) derrière nous, on bascule sur la petite route de Porto Pollo, bien plus agréable. On n’échappe pas à une course poursuite de voitures de course (les mêmes qu’il y a 2 jours ?).

Une petite visite au site préhistorique de Filitosa, petit havre de paix en plein champs, des fleurs partout et un olivier bien plus que millénaire. Nos ancêtres avaient du goût!

L’après-midi à Porto Pollo est dédiée à la bronzette/sieste/baignade sur la plage. Ça fait du bien de couper aussi de temps en temps du vélo.

La mauvaise surprise du soir, c’est que, hors saison, aucun camping de Porto Pollo (il y en a 3) n’est ouvert… Le plus proche, le “Rasl’bol” est à 8km en sens inverse, à Abbartello. Dire qu’on est passé devant ce matin… Camping de type “Les Flots Bleus”, on sent qu’en saison, ça ne doit pas être calme. Mais aujourd’hui, on est royal!

J8: Abbartello – Le Ruppione: 40km

Les étapes sont de plus en plus courtes. Aujourd’hui, il “suffit” de basculer derrière “la petite colline” là-bas derrière. Encore une superbe route tout du long, très plaisante. Le coin est un peu paumatoir, on ferra quelques montées en rab juste pour le plaisir, avant de se rendre compte que nous nous sommes égarés. Mais l’étape est courte, alors bon, on râle pas trop.

Le Maquis Corse

A refaire cette portion, je pense que la route passant par Coti-Chiavari est plus sympa en vélo (par Furellu et la Bocca di Gradello).

Petit détour par la Tour di Castagna, juste pour le plaisir de taper dans les 15% de pente. Et pour la vue, bien sûr.

On se pose au camping le Sud au Ruppione. Il est situé a côté d’une boulangerie, d’une épicerie corse et d’un mini-marché. Le pied. Goûter ambrucciata, yumi yumi! Et fin d’aprem sur la plage, avec l’apéro et un jeu de tarot. Il y a un peu de laisser aller dans l’équipe, on sent que c’est la fin.

J9: Le Ruppione – Ajaccio: 11km

La journée du séjour la plus courte. 11 kilomètres! Ça sent la fin… du beau temps. On profite du soleil de la matinée pour faire tout sécher, certains iront se faire une dernière trempette dans les eaux turquoises, les autres procrastineront dans leur hamac (fallait bien l’utiliser au moins une fois).
Les grandes routes de l’île ne nous ont pas laissé un grand souvenir, et l’entrée sur Ajaccio en vélo ne nous fait pas rêver du tout. On prend l’option bateau de Porticcio à Ajaccio, qui nous fait traverser la baie, et éviter la 4 voies. Compter 5€ et 20 minutes, la bonne affaire.
On arrive sur Ajaccio juste pour la fin du marché. On dévalise un stand qui n’a pas déjà plié bagage (Lonzo, Jambon, fromage de chèvre et de brebis, … que du light!), et la pluie arrive. Ajaccio ne retiendra pas plus notre attention que ça. Quelques beaux bâtiments. Et surtout un bon café à l’abri sur le port pour écrire les cartes postales.

On prendra la pire douche froide du séjour entre le café et le bateau.
On est sur le Girolata, de La Méridionale, superbe navire, intérieur pas vieillot (ça change de l’aller) et chambre spacieuse. Encore une fois, le staff souriant et accueillant aussi bien sur le port que sur le bateau. Ça fait plaisir.
Une dernière Pietra au bar en attendant le départ, elle aura été notre fil rouge tout le séjour.
On annonce du gros temps sur le retour, force 7… Ça promet.

J10: Marseille, retour au train-train

La nuit a été mauvaise. Très mauvaise. Le bateau s’est fait malmener par les vagues et la houle. Du fond du lit, on a joué au grand huit… en haut… en bas… Les embruns dans la nuit dépassaient la hauteur du bateau.
Bref, c’est frais comme des gardons (mais heureux) que nous retrouvons un sol stable. Direction Saint Charles et sa grève SNCF pour un retour sur Aix-en-Provence.
Ça tanguera toute la journée… Mal de terre, quand tu nous tiens.

En conclusion, 350 kilomètres et presque 6000m de déniv au compteur, et

  • On ne regrette pas:
    • Notre idée de faire une (petite) partie de la Corse en vélo.
    • La saison: Hors saison! Entre la chaleur et l’excès de touristes, ça doit être invivable l’été!
    • Le changement de pneus: Ça roule tout seul avec des pneus typés route.
    • Le porte bagage et les sacoches: Pas de sac sur le dos, c’est le début de la liberté.
    • La sur-selle en gel de chez Décathlon (non, nous n’avons pas d’actions!)
  • On regrette :
    • Que ça se termine déjà au bout de 10 jours.
    • La météo (même si on est quand même bien passé entre les gouttes).
    • De ne pas avoir vu les aiguilles de Bavella (autrement qu’en carte postale).
    • D’avoir oublié l’anti moustique pour le camping de Porto Vecchio

Bref, c’est quand qu’on repart ?

La carte de notre parcours