Pérou – Machu Picchu – à vos marques, prêt, partez!

4.15, le réveil sonne. La nuit a été courte, mais c’est l’heure. Today is the day. Le repas de la veille est enfin digéré. Les patates à l’huile de vidange, spécialité des menus “economico”, sont finalement passées. On met les chaussures de trail, le petit sac préparé la veille, on récupère le sachet repas petit déjeuner de l’hôtel, et c’est parti dans la nuit. On annonce 30 minutes jusqu’au départ. En légère descente, on chauffe les muscles. Les sensations sont bonnes. Le départ est fixé pour 5.00. Il y a déjà du monde sur la ligne. Va falloir jouer des coudes dans la première côte. Les dernières minutes sont intenses, chacun s’observe. Beaucoup de français, mais pas que. On notera l’absence d’Evangelis, sinon on se serait cru à l’UTMB.

5.00, la première ligne se lance. Il nous faudra 5 minutes pour passer la ligne, en 150eme position environ… Il y a déjà du monde dans la cote devant. On présente le passeport, le billet, et c’est parti! On y croit. La course sera rude, pas facile de rester groupés sur l’étroit sentier. Que des marches, hautes, ça grimpe. On s’en sort en 40 minutes pour les 400m de deniv. Quelques 15 secondes avant les premiers bus (les tricheurs). On a bien joué, à quelques secondes, on prenait 50 places dans les dents. On est dans le top 10, avec 15 minutes de marge sur la deuxième étape. Large. On souffle, le jour se lève doucement. L’adrénaline est toujours présente.

La deuxième étape n’est pas ma spécialité. Un sprint. Court. 200 mètres. 6.00, c’est parti, il faut être rapide. On joue bien, on garde la position, et on checke la photo sans aucun touriste sur le site. On sort la tête du guidon, c’est grandiose. On avait vu des photos, mais en vrai, c’est quand même vachement mieux. Petit repos bien mérité entre les lamas sur les terrasses herbeuses jusqu’à 7h, ultime et dernière épreuve du jour. On profite de la vue, on se renseigne un peu sur le terrain.

7.00, c’est au compte goutte que le départ de la dernière épreuve est donné. Presque un contre la montre. On part déjà avec 10 minutes de retard sur la tête. Ça s’annonce mal… Encore des marches. Petites et raides, presque à y mettre les mains. 500m de deniv. La montée est sublime. Des petites fleurs (on ferra les photos à la descente), une vue imprenable dans le rétro sur les ruines. Mais on lâche rien, c’est pas le moment. Une dernière épingle, on prend l’intérieur pour passer un dernier touriste. Plus personne devant, est-ce possible ? Dernière accélération dans les marches, et à 7.45, avec les premiers rayons de soleil (gros plafond nuageux jusque là), le sommet. La Montaña Machu Picchu… Personne. Seul à 3060m d’altitude. Un regard vers le pont du départ ce matin, 1000m plus bas. Saisissant. Devant moi, le site inca du Machu Picchu, et derrière ce dernier, le Huayna Picchu, sommet au rabais (2700m, pfff) très couru par les touristes. Tout autour, la jungle et ses vallées encaissées. Le rio Urubamba tout en bas. Au loin, les énormes glaciers à 5000m. Quelques hirondelles aux reflets bleus métalliques sur le dos. C’est tout.

Je savoure ces 5 minutes de solitude, sur un site qu’on nous avait vendu surpeuplé (400 personnes par jour au sommet, 2500 sur le site en contrebas). La vue est à couper le souffle. D’ici, la civilisation inca montre toute sa puissance.

On finira par redescendre vers 9h, voir le site de plus près. Un site de bloc majeur. Encore plus incroyable de se balader dans les petits passages entre les maisons encore intactes (menos le toit en bois et paille qui n’a pas survécu au temps). 500 ans après leur disparition, leur ultime retranchement (?) est toujours là, resplendissant. Des temples en pierres taillées s’emboîtant au millimètre. Des maisons de toutes tailles. Des fontaines d’eau encore intactes sillonnent la cité. La relation à la Terre (Pachamama), et encore plus à l’eau, était primordiale pour les incas. L’eau, symbole de la vie. Quelques jeux d’alignement avec le soleil, mais à priori bien moins nombreux que dans la cité d’Ollantaytambo. Lors des solstices d’été (21 décembre, hémisphère sud oblige) le soleil se lève au travers de la porte du soleil, à 2 kilomètre de là, et éclaire l’hôtel du temple du soleil avec ses premiers rayons. Les incas était de grands architectes.

On terminera le tour sous la pluie fine, vers 13h, qui nous poussera doucement vers la sortie. Une dernière descente et nous revoilà à Aguas Calientes. Gringoland… Pauvre village de montagne défiguré par le tourisme de consommation et de masse. “Ciudad del Mundo”, la ville du monde peut peut-être se vanter du titre du plus grand nombre de nationalités différentes qui sont passées par là. On passera sur les alignements de restaurants et d’hôtels dans l’artère centrale.

Notre train est à 18h, nous avons le temps. On aurait presque pu ressortir comme nous sommes arrivés hier: Santa Teresa, et sa centrale hydroélectrique. Accès cheap à Aguas Calientes pour backpacker sur la paille, avec 10 kilomètres de marche le long des rails. Mais le train pour Ollantaytambo est réservé de longue date (minute coup de gueule : à un prix exorbitant… 70€ pour 1h30… Même la SNCF n’en est pas encore là). On en profitera pour faire la sieste que nous n’avons pas pu faire sur les pelouses du Machu Picchu (interdit de s’allonger dessus, pourtant c’était tentant!).

Note sur le coup de gueule: La compagnie de train PeruRail a un contrat d’exclusivité de 35 ans pour les transports à Aguas Calientes. A priori il en reste 6… A suivre en 2023… Ca risque de changer la donne!