Potosi, quand le hasard fait “bien” les choses

Un passage trop rapide en septembre nous a laissé sur notre faim. Un saut dans un bus de nuit et hop nous revoilà à Potosi pour compléter la visite.

Redécouvrir les petites rues du centre avec une multitude de balcons en fer forgé, a été un vrai plaisir, tant au petit matin quand la ville est encore endormie, qu’en soirée quand l’animation bat son plein. Une balade dans le centre-ville laisse deviner de la grandeur passée de cette ville, aujourd’hui endormie. L’état des façades en témoigne !


L’une des grandes attractions de la ville est l’exploration du Cerro Rico, grande montagne à la forme parfaite regorgeant de minerais, dont principalement l’argent.
Nous passerons notre tour pour cette visite, n’ayant pas d’attirance particulière pour une plongée en Enfer. Les conditions d’exploitation des mines de Potosi n’ont guère évolué depuis 300 ans et aller voir les mineurs travailler dans des conditions abominables, pour un salaire misérable avec une espérance de vie ne dépassant pas 50 ans ne nous a pas donné envie. Nous laisserons El Tío (dieu de la mine) où il est et nous concentrerons sur la partie émergée de cet immense iceberg d’argent, la Casa de la Moneda.
L’histoire de cette ville repose uniquement sur la découverte inattendue de ce gisement d’argent. Une histoire de jeune homme Inca cherchant un lama égaré …
Les espagnols s’emparèrent immédiatement de cette richesse et fondèrent la ville de Potosi en 1545. Les travailleurs étaient surtout des esclaves indiens. Des esclaves africains ont également été amenés á Potosi au 17 et 18ème siècles mais la faible espérance de vie des travailleurs (quelques mois) ne rendait pas ce trafic d’hommes rentable. Au 18ème siècle, les africains étaient plutôt envoyés dans les plantations de coca des Yungas.

La première Casa de la Moneda fut construite en 1672 pour frapper la monnaie.
La quantité de minerais étant telle qu’à son âge d’or (enfin d’argent), la ville comptait 200 000 habitants. Elle était la plus puissante et influence de toutes les Amériques. L’histoire dit qu’on aurait pu construire un pont d’argent entre Potosi et le royaume d’Espagne. Ce qu’elle ne dit pas c’est qu’on aurait pu construire le même en os humains …
La seconde Casa de la Moneda fut achevée en 1773 afin de contrôler la frappe des pièces coloniales. La visite de ce bel et vaste édifice est riche d’enseignements sur l’histoire de la ville dans le contexte de la colonisation, sur l’exploitation des mines et la frappe de la monnaie. Elle vaut le détour !
Au début du 19ème siècle, les mines commençant à s’épuiser le déclin de la ville commença.


Un autre édifice d’intérêt est le couvent Santa Teresa fondé en 1685. La visite des innombrables pièces, bien qu’un peu longue (nous aurions dû nous en douter en voyant le panier rempli de multiples et énormes clés du guide), est intéressante. Les conditions de vie n’étaient pas enviables. La seconde fille de chaque famille noble était destinée à rejoindre les ordres. Celles qui rejoignaient ce couvent étaient vouées à une vie de silence, de labeur, de prières et de flagellations, intégralement coupées du monde extérieur, familles comprises. En 1960, le Vatican ayant jugé ces conditions de vie peu humaines a assoupli les règles…


Après une telle visite, plongés dans l’austérité de ces vies, quoi de mieux pour se changer les idées que partir à la découvert des alentours. Nous avons mis de côté les lagunas de Kari Kari, constituant a priori un bel objectif de promenade mais rendue moins intéressante à date du fait du cruel manque d’eau dont souffre Potosi. Cet ensemble de 32 lagunes a été construit au 16 et 17ème siècle pour fournir de l’énergie hydrauliques aux fonderies. Nous avons donc mis le cap sur El Ojo del Inca, un cratère circulaire de 100m de diamètre offrant une baignade dans une eau à 30°C. Après un échec par manque d’enthousiasme samedi, nous y sommes retournés dimanche. Cette fois-ci, après une petite marche, nous trouvons un beau point de vue sur El Ojo del Inca, les lagunes alentours et la vallée aux reliefs et couleurs contrastés. Les lagunes sont un lieu assez prisé des boliviens en week end. C’est une bonne destination, sans grande prétention, pour s’échapper quelques heures de la ville.
Située sur le chemin du retour pour La Paz, nous avons sauté dans un bus une fois la balade achevée. A la mode bolivienne ! Et ça fonctionne bien !