Acotango – Rock(s) Cancan

L’Acotango (6052m), est le volcan (éteint) le plus élevé du groupe de stratovolcans se trouvant à la frontière entre la Bolivie et le Chili.  

Sunrise on Sajama
Au loin, le Sajama

Le week-end commençait mal… très mal. Mais on n’était qu’à demi surpris… On a cherché la semaine dernière un minibus pour nous emmener à l’Acotango le vendredi soir, puis au Parc National du Sajama le samedi et dimanche. On avait trouvé un plan d’enfer… à un prix imbattable… ça sent le coup foireux, non ? Bref, en pratique, c’est un autre chauffeur qui est arrivé vendredi (à l’heure, il faut le noter), qui ne savait rien du programme, et qui nous demandait 1500Bs au lieu des 1200Bs convenus, et cela juste pour aller au Parc du Sajama pour le week-end. Et il refusait catégoriquement de nous monter au camp de base de l’Acotango. Il prétendait que le chauffeur contacté ne connaissait pas le lieu, et du coup avait dit un prix au pif… ben voyons… et puis aussi que le chemin n’est pas praticable en minibus, qu’il nous fallait un 4×4 (depuis le village de Sajama, 1000Bs :/), … m’enfin que pour 1200Bs de plus, il pouvait nous y emmener quand même… c’est fou le pouvoir de l’argent… tout à coup la route re-devient carrossable… Ça négocie, on sent le traquenard… Il lâche rien… Bon on part quand même, on va pas pourrir le week-end pour ça, on verra en route. On a bien fait, on négociera au final un surplus (honnête) de 400Bs, et il s’avérera que le chauffeur était plutôt réglo et sympathique, malgré un départ compliqué.

La route pour l’Acotango, quoi qu’en disent les chauffeurs a été refaite jusqu’à la mine (4900m) en 2015 et est praticable sans soucis en minibus ou autre voiture. La suite un peu plus sableuse passe sans soucis non plus jusqu’à 5400m. On arrêtera le chauffeur là, histoire de ne pas se faire le sommet en minibus quand même… (la route continue (4×4 ?) jusqu’à 5700m, soit 300m sous le sommet, pour les pressés).

Bref, arrivée au base camp (5400m) à 23h30, ça caille sévère, c’est pas très confort pour poser une tente (épingle de la piste, pas vraiment prévue pour dormir)… On file se mettre dans le sac de couchage, sous les étoiles et dans le vent… on compte les minutes jusqu’à 3h, et puis c’est l’heure d’y aller, pas mécontent de se bouger.

On sera 6 au départ (spoiler, 4 au sommet). La lune s’est faite la malle, et on n’y voit pas grand chose. M’enfin le topo à l’air simple: Tu remontes le vallon (cratère ouvert du volcan), dans une mer de sable, et ensuite tu vises la crête un peu à droite du sommet…  à vue. Bon, si on avait regardé la carte, on aurait vu qu’il y avait un chemin bien tracé qui faisait le tour par la droite, vers les 5650m. On laissera le chemin pour les touristes, on fonce droit dans le pentu… l’erreur! 200m d’une montagne de gravas, de litière pour chat, de sable et j’en passe… On y laissera 2h30, pour 1km… (sic!), et un élément restera à 5850m, à bout de force.

En revanche, la bonne nouvelle c’est que le jour commence à se lever peu à peu vers 5h30, et on assiste à un magnifique lever de soleil, la météo est au top, pas une trace de nuage, autre que les fumerolles au dessus du volcan chilien voisin. Le Sajama solitaire au nord ressemble à une île isolée. La crête finale fait office de frontière avec le Chili… Côté chilien, c’est une forêt de pénitent qui nous accueille, majestueuse (tant qu’on n’a pas besoin de s’y frotter de trop près). On y devinerait presque le Pacifique au loin (enfin presque, il y a quand même 150km). Et c’est le pied droit chilien et le gauche bolivien qu’on ira jusqu’au sommet (pas de jaloux, à la descente, c’est l’inverse), avec un soleil bien réconfortant. La crête est bien dégagée, progression rando facile, à peine 3-4 pas à faire sur de la neige (pied droit, évidemment). 8h du mat’, une vue à 360°, à 6050m d’altitude, bien méritée. Les parcs nationaux chiliens de Las Vicuñas et de Lauca à l’ouest, le parc national bolivien du Sajama au nord, des volcans aux pentes terreuses multicolores tout autour… Le coin n’a rien à envier au Sud-Lipez… mais alors rien du tout.

Et c’est le sac léger (on vous laisse deviner où sont passés tous les gâteaux…) qu’on attaque la descente. Cette fois, on ne se fait pas prier deux fois pour attaquer le tas de gravas. C’est pas parce qu’il n’y a pas de neige en Bolivie qu’on n’y fait pas de ski (laissez les skis au garage tout de même). Et autant dire qu’on n’a pas mis 2h30 pour descendre les 200m… (le GPS me dit plutôt 10 minutes). On découvrira finalement ce fond de vallée traversé à la frontale le matin même. Grande et belle vallée de sable fin (la Bolivie n’a peut-être pas la mer, mais il y a un bon potentiel plage (à 5000m, certes)). Retour au base camp pour 10h… on pourrait croire la journée finie… mais le meilleur est à venir… il nous reste à passer l’aprem à nous dorer la pilule aux eaux chaudes thermales du Sajama… dur vie…