Las Yungas – Dans la vallée

La destination du 1er week end sera las Yungas (les vallées) situées à une altitude bien inférieure. Nous ne savons ni exactement où nous allons ni vraiment avec qui. C’est Colin, un bon copain de Pierre qui a géré l’organisation. Javiér et sa femme, les propriétaires de la cabaña dans laquelle nous logerons nous récupèrent samedi matin avec leur minibus. Première expérience des longs trajets en minibus. C’est toute une histoire ! Pour commencer, il faut être assez déformable. D’abord se plier en 4 pour accéder jusqu’à son siège puis faire preuve d’un minimum de souplesse car il est impossible de se déplier avant d’en sortir. Même plié en 4, il est difficile d’admirer la vue, la tête étant coincée dans le plafond ! Ensuite, le minibus sert au transport de personnes mais également de denrées. La sortie de La Paz a été longue (avec un référentiel occidental de gestion et d’optimisation du temps). Non en raison de la circulation mais des arrêts réguliers pour faire les courses. Le pain, les sodas, les salteñas, la pharmacie… à chaque type de produit sa petite boutique. Un dernier arrêt pour acheter 100 kg d’aliments pour les poules et … en route pour las Yungas !

Lors du passage de la Cumbre, le col permettant de franchir la Cordillère Royale avant de redescendre dans les vallées, Javier effectue un signe de croix et sa femme jette je-ne-sais-quoi par la fenêtre pour la Pachamama. C’est rassurant, nous voici placés sous les meilleures protections pour la descente ! Une grande et longue descente permet de passer des paysages arides de l’Altiplano aux paysages presque amazoniens. Du froid et sec de 4700 m au chaud et humide de 1200 m. Assez impressionnant ! Après un petit arrêt forcé en raison d’une fête de village avec danses traditionnelles qui bloquait la route – une bonne occasion de voir un bout de culture locale – nous arrivons au milieu de nulle part, à Mururata. Un écrin de verdure. Il est agréable de respirer un air pur !

Dans l’après-midi, Javier, vêtu d’une veste et d’un chapeau en treillis et armé d’une machette, est fier de nous montrer ses terres. Il semble tout droit sorti d’un film Indiana Jones. Il nous montre sa seconde propriété, une jolie hacienda du 16ème siècle, lieu de naissance et de villégiature du dernier roi de Bolivie. Nous continuons la promenade sur une longue crête herbeuse permettant d’admirer la vue sur la vallée.

Le lendemain Pierre, Colin (un grand fou de course longue distance) et moi partons à la fraîche pour une sortie course. Portée par la lecture du livre “Eat and Run” et par l’esprit “Mardy’s“, je suis hyper enthousiaste et ne me pose pas beaucoup de questions. L’idée est d’aller à Coroico, le village que l’on voit de l’autre côté de la vallée. Bon il y a “juste” 10 km aller et 800 m de D+… Une aventure comme on les aime ! L’air est humide et le plafond nuageux bas. Sans grande surprise, une pluie diluvienne s’abat sur nous alors que nous sommes à quelques centaines de mètres du village. Arrivés trempés, avec quelques bolivianos en poche, nous parvenons à trouver un petit boui-boui où la tenante nous prépare un chocolat chaud (eau chaude et tablette de chocolat) et nous sert un pain avec un morceau de fromage. A ce moment précis, un régal !! Pour le reste, on ferme les yeux ! Bon, c’est pas le tout, mais il faut rentrer. Pour varier les plaisirs, on trouve un autre itinéraire. Le seul bémol c’est que là où le chemin nous mène, il n’y a pas de pont pour traverser la rivière. Qu’à cela ne tienne, trempés pour trempés, nous traversons à gué. Bien qu’il ne semble pas y avoir beaucoup d’eau, nous en avons jusqu’en haut des cuisses ! Quant à la couleur, on passera. Ceci étant fait, il ne reste plus qu’à remonter la forêt pentue et dense pour rejoindre les crêtes qui nous ramènent tout droit à la maison. Facile, droit dans le pentu ! La Bolivie, ça promet !! Non non, ce plan n’était pas si foireux 😉

Une fois réchauffés (à la douche froide) er rassasiés, nous enfilons notre tenue de supporter de foot. Le terrain de foot du village accueille un tournoi entre les différents villages du coin. Chaque équipe a son maillot et ses couleurs. Le spectacle est intéressant, tant sur le terrain qu’autour. Les équipes s’affrontent dans une bonne ambiance sur un terrain tracé approximativement dans un champ. Autour, les familles sont venues supporter leur équipe. Il y a de tous les âges et de tous les profils ! A noter une particularité du coin est la présence d’une communauté noire africaine, surtout présente dans le village de Tocaña. Ce sont des descendants d’anciens esclaves amenés pour travailler dans les mines d’argent de Potosi (16ème siècle)… Javier a troqué un temps sa tenue d’Indiana Jones pour celle de foot avant de reprendre son rôle de chauffeur. Nous rentrons sur La Paz en fin de journée, avec les bagages sur le toit et 5000 œufs dans le minibus ! L’histoire ne nous dit pas leur provenance.