On the road (again?): La conduite en Bolivie, mode d’emploi

El Prado, casual 5pm traffic (©Alamy Stock Photo)
El Prado, casual 5pm traffic (©Alamy Stock Photo)

Depuis 5 mois en Bolivie, j’ai pu me faire une petite idée des conditions de circulation en Bolivie, atypique pour un européen comme moi. Aujourd’hui, pour vous, description!

Définitions:

    • Véhicule: Objet comprenant au minimum deux roues, mais le plus souvent quatre, qui, à grand renfort de nuages noirs toxiques et de bruit se meut dans les ruelles étroites et surchargées de La Paz. Il se décline en plusieurs variantes, les plus courantes étant le micro (lent, peu dangereux, sauf si les freins lâchent), le minibus (dangereux, et imprévisible) et le taxi (rapide, donc dangereux).
    • Zèbre: Le roi de cette jungle, animal fréquentant les rues de La Paz, pour aider à la fluidité du trafic, le zèbre est toujours armé de son panneau PARE (rouge) et GRACIAS (vert). Son rôle principal est la sécurité des piétons. Seul un zèbre a le pouvoir de faire stopper un minibus (voir “véhicule), en s’asseyant sur le capot si il le faut, pour laisser les piétons traverser. En image ici
    • Bolivien: Le Bolivien standard est un mec (ou une fille, sont pas tous du même sexe non plus…) le plus souvent calme, zen et chaleureux. Cependant, pour une raison encore inexpliquée, lorsqu’ils se retrouvent au volant d’un véhicule (voir définition ci-dessus) , une métamorphose s’opère, tel un Stitch ou un Gremlins nourri après minuit (et arrosé). Les babines retroussées, une main sur le klaxon, l’autre sur le volant pour se faufiler au mieux dans le moindre interstice laissé libre sur le carrefour façon Tetris, indépendamment tant de la couleur de la guirlande tricolore située en amont, que des coups de sifflets des policiers en charge de la régulation du dit-carrefour.

Le guide du routard décrit l’expérience de la conduite en Bolivie comme suit:

  • Soyons clairs : mieux vaut avoir l’expérience de la conduite dans les pays en voie de développement. Nombre de Boliviens achètent leur permis sans jamais le passer et les modes de conduite locaux sont assez offensifs…
  • Les difficultés majeures tiennent surtout à l’orientation. Les panneaux sont rarissimes et les cartes routières assez sommaires. Sortir de La Paz la première fois tient de la course d’orientation.
  • Important : au volant, prenez garde à tout ce qui pourrait croiser votre route au détour d’un virage ou d’une côte, tels chiens, ânes, moutons, piétons, vaches et autres lamas, sans oublier les bus à contresens ou les camions en rade en pleine montée ! (NDLR: Ajouter à la liste: Cholitas, trous, ralentisseurs, cochons, chèvres, vélos, …)
  • Petit détail exotique, sur les routes descendant de l’Altiplano vers les terres basses, le sens de la conduite s’inverse : on ne roule plus à droite, mais à gauche, comme en Angleterre. Une précaution destinée à limiter le nombre d’accidents, paraît-il !

NDLR: Je rajouterai que la Bolivie doit être le pays avec la plus grande densité de ralentisseurs sur les routes, qu’elles soient goudronnées ou non. Il y en a partout! Pas toujours signalisés, mais toujours mortels. Je suspecte d’ailleurs un complot avec les garagistes pour vendre plus d’amortisseurs.

Pour finir ce cours de (bonne ?) conduite, un point sur la bête noire des trajets de longue distance: Les camions! Chargés jusqu’à la moelle, à moins de 10km/h, dans les montés, comme dans les descentes. Durant mes trajets pro, j’ai relevé les techniques les plus répandues de dépassement de ces OsTNIs (Objets s’Trainant Non Identifiés)

  1. (Méthode européenne, peu utilisée) Attendre patiemment une ligne droite avec visibilité et personne en face, mettre son clignotant et dépasser tranquillement, sans faire de queue de poisson au camion doublé en se rabattant.
  2. (Méthode Collaborative) Dépasser, coûte que coûte, sans ralentir, en espérant que la moto / le camion / la voiture / la vache (rayez la mention inutile) qui arrive en face va se serrer de son côté, et que le camion doublé en ferra de même. La signalisation de cette manœuvre est souvent à base d’appels de phares et de coups de klaxon (pouvant émaner des trois véhicules impliqués, à l’intox).
  3. (Fonctionne mieux de nuit). Se coller au c*l du camion, éteindre ses phares, guetter si une lumière arrive en face (sans savoir si il y a un virage ou pas), puis, au bleuf, dépasser en trombe (ne pas oublier de remettre les phares), et se rabattre au plus vite sous le nez du camion si quelqu’un arrive finalement en face.
  4. (Fonctionne surtout pour les camions très lents) Omettre les clignotants, éventuellement klaxonner pour la forme, et dépasser par la droite, avec 2 roues dans le bas côté, 4×4 recommandé (vécu)
  5. Coller le camion au c*l, à grand renfort d’appels de phares, en espérant qu’il finisse par mettre son clignotant gauche pour dire que la voie est libre pour doubler. Attention, un clignotant à gauche peut aussi vouloir dire qu’il va tourner à gauche (mais peu probable, technique de signalisation peu utilisée).

Il est a noter les techniques 2 et 3 ne fonctionnent que si les personnes en face n’ont pas les mêmes méthodes (et n’arrivent pas trop vite).