Kungsleden 2011 (2/3): Allez viens, j’t’emmène au vent !

” L’équilibre est fragile, la situation difficile “

La première heure nous apprend que ces skis sont aussi instables que fins (relation logique?). Hadrien en fait un peu plus les frais que les autres. Mais le moral est toujours là. On remonte la rivière, la glace est assez solide pour passer directement dessus, mais des trous sont quand même bien visibles, et l’eau coule tranquillement sous nos pieds. Nous finissons par la quitter au profit de la trace de scooter, plus facile pour avancer. Les heures passent paisiblement, jusqu’au lac… C’est 5 km, tout droit, tu peux pas te rater, le chalet est au bout. Ça s’appelle Abiskosjaure. Le soir approche, le vent s’est levé, et évidement, rien pour s’en protéger sur le lac. ” Un pas en avant, un pas en arrière, … “. Ça résume bien l’heure et demie passée à lutter sur ce maudit lac. On imagine mal la semaine, dans des conditions pareilles. Dure entrée en matière ! 18H, le refuge. Enfin ! Lessivé, un peu dégoutté, déprimé, et angoissé pour la semaine à venir. On s’installe, nous ne sommes pas seuls, un groupe d’anglais, que nous retrouverons tout au long du trajet, et des suédois sont déjà là. Le refuge, c’est pas non plus de tout repos : Il faut chercher l’eau avec un seau au lac pré-cité, couper le bois et alimenter/surveiller le feu. Même pour aller aux toilettes, c’est l’expédition ! On regarde la carte. Demain, c’est encore plus long (24km contre 15), et en plus ça monte sec au début. Le final identique sur un lac, encore plus grand que celui d’aujourd’hui, dans le même axe, pour arriver à Alesjaure. Si le vent ne change pas, nous sommes des hommes morts dans 24h. On dit que la nuit porte conseil, c’est tout ce qu’il nous reste. 20H30, dodo.

Ouille, du bruit partout autour, le réveil a même pas encore sonné, les gens sont déjà levés. J’entends un ” halv sex “, bon, 6h30, c’est pas trop tôt, on va pouvoir aussi se lever… Jusqu’au moment fatidique où l’on réalise qu’il est plutôt 5h30… Sont fous ! Les nouvelles sont réjouissantes « vent et frais »… Cool… Finalement, mal réveillé, on se retrouve à 7h sur nos skis, que j’ai aujourd’hui pris soin de farter pour mieux accrocher. Finalement le vent est bien moins fort, et le soleil est de la partie. Ça réchauffe les esprits. La montée tant attendue est abordée de manières diverses et variées : En ski, droit dans la pente, en canard, ou a pied, un ski dans chaque main ! Le vent se lève dans l’après midi, aussi fort que la veille, mais heureusement pas complètement de face. La visibilité tombe, mais on rejoint le refuge sans problèmes. Nous sommes chaleureusement attendus avec un jus d’orange chaud, un sauna et même de l’eau chaude pour se laver. Parfait. Soirée, nuit sans embrouille.

L’étape du lendemain, très venteuse toujours, nous amène dans le sérieux : Le refuge de Tjäktja. La montagne est bien là, le ciel est un peu plus dégagé dans l’après midi. On part faire un petit tour autour du refuge. Les paysages sont splendides. On en rêvait, on les a vus. L’eau commence à être de plus en plus loin à chercher, mais bon, ça fait parti du jeu.

Au réveil du 4ème jour, le plan est simple : sauter une étape (Sälka) pour avoir un jour de rab dans le but de faire une rando dans le coin du Kebnekaise, en fin de semaine. Direction les chalets de Singi. On part dans le plus haut col du parcours. Visibilité : 0. On perd même nos fameuses croix rouges, distantes pourtant seulement de 25 mètres les unes des autres. Il a neigé dans la nuit, on fait la trace dans toute la montée. Arrivée au col, on attaque une descente digne d’une de ski de rando. Alors dans la fraîche, sans visibilité, et avec ces skis, c’était folklorique ! A midi, on a fait l’étape 1. On en profite pour manger au chaud. On se remotive et on repart pour l’étape 2. Cette fois ci, des motos neige nous ont fait la trace. Elle sera cependant vite effacée par le vent. On arrive, fatigués mais heureux au refuge de Singi en fin d’aprem. On y trouvera un couple d’anglais super sympa, et un suédois rencontré précédemment déjà. On se pose bien au chaud, repas au coin du feu, petites discussions sur les étapes restantes. Nous croyions encore et toujours à cette ascension du Kebnekaise…


@ suivre…