Sorata, de la chaleur tropicale au brouillard de la cordillera real

Après la jungle, changement de décor, découverte de l’Altiplano. Nous partons pour trois jours de trek autour de Sorata, endroit dont nous avions entendu beaucoup de bien mais que nous ne connaissions pas encore.
Encore un réveil matinal pour sauter dans un mini qui nous conduit droit à Sorata. La nuit a été courte et le trajet chaotique. Nous n’avons toujours pas déterminé quel était le pire entre l’état du mini et le chauffeur, sûrement un mélange des deux. Résultat, nous arrivons à Sorata, après 3h30 de trajet, dans un sale état. Seul JM a survécu. Nous échouons tels des phoques en perdition sur l’agréable place centrale, où le beau soleil et une bouteille de coca sont salvateurs!

Après un rapide repas dans une cantine typique bolivienne nous voici en chemin. Il est 12h15 et une longue journée de 15 km et 1500m de D+ nous attend. A peine partis, nous croisons un bolivien bavard qui nous montre le chemin pour Lackatiya : “c’est facile,  c’est par là”. Le seul problème est qu’il y a des croisements tous les 500 m. Bien évidemment, le chemin est différent de celui indiqué sur OsmAnd. Le départ s’annonce bien! Après quelques tours et détours nous retombons finalement sur la trace. La piste serpente dans une nature verdoyante et fleurie avec quelques habitations ici et là qui donnent une fois de plus de chouettes scènes de vie.
La route est longue mais la pente peu difficile, le rythme est bon et nous sommes dans les temps pour arriver au village avant la nuit. Vers 17h, nous croisons un endroit idyllique, une grande prairie verte, à l’herbe rase, traversée par un ruisseau. A ce moment-là, nous pensons tous à la même chose, c’est le point de bivouac idéal. Reste à s’isoler de la piste pour ne pas être embêté. Rémi nous trouve en un rien de temps, un spot parfait en contrebas. La soirée n’est pas froide mais la brume nous privera du coucher de soleil. Après un délicieux repas soupe/semoule comme il se doit en bivouac, nous filons dans nos duvets à 19h30. Une longue nuit nous attend, c’est top!

Samedi, réveil 7h. La nuit a été moins bonne que prévue. Nous étions un peu à l’étroit dans les tentes taillées pour boliviens. De jolies couleurs avec des jeux de brume nous souhaitent le bonjour. Super réveil! Nous nous préparons tranquillement et partons pour une journée a priori facile. Moins de 10 km et 300m de D+. La seule difficulté est qu’il n’y a pas de sentier tracé sur la carte OsmAnd, nous avons seulement un plan de principe récupéré à l’Office de tourisme de La Paz. Va falloir faire jouer le sens de l’orientation!
Nous commençons par 3 km de piste jusqu’au village de Lackatiya, facile. Bon, nous avons failli ramener un veau égaré mais il est allé retrouver ses congénères … les lamas. Ouf! Arrivés au village, nous trouvons sans trop de problème le sentier pour la laguna Chillata. Un bolivien nous a un peu aidé, il voulait même nous vendre ses services de guide! Ce n’est que la deuxième fois en deux jours que nous croisons un bolivien édenté (une constante) et en tongues qui, en voyant quatre gringos, se dit être guide.
L’éclaircie de début de journée a été de courte durée et la pluie pointe le bout de son nez. Nous enfonçons la tête dans nos capuches et continuons. Nous devinons derrière la brune un relief découpé et accidenté composés de vallons séparés par des falaises. Le sentier contourne ces irrégularités en suivant une même courbe de niveau. Le seul problème c’est qu’il est de moins en moins visible, nous avons plus l’impression de suivre des chemins de vaches qu’un sentier de randonnée. L’orientation avec une visibilité réduite à 50 m est de plus en plus difficile. Au bout de 3h de marche, temps que nous avions estimé, nous nous retrouvons devant une grande montagne. Ce n’était pas vraiment prévu… Entre une carte numérique sans courbe de niveau et une carte papier de principe, il ne nous reste plus qu’à nous fier à notre bon sens pour trouver notre chemin. Nous sommes pourtant plus très loin de notre but, il ne reste en théorie plus que la montée finale.
Une éclaircie apparaît. Elle fait un bien fou. Nous en profitons pour faire notre pause de midi et prendre le temps de réfléchir.
Nous abandonnons l’idée de trouver un chemin et y allons à la boussole. JM et Rémi partent chacun d’un côté en éclaireurs pour trouver le meilleur itinéraire pour contourner cette montagne. Nous optons pour celui qui descend. Nous trouvons régulièrement des traces de sentiers et de passage humain. Après avoir contourné cette première montagne, nous nous retrouvons face à une deuxième, bien plus imposante. C’est celle que nous devons grimper pour atteindre notre objectif de la journée. Encore une décision à prendre : par la droite ou par la gauche. Après un long moment d’hésitation et une petite fenêtre de visibilité, nous partons par la gauche, le côté qui monte raide et qui semble à première vue le moins engageant. Mais nous devons franchir cette maudite falaise. Cette option semble donc  la meilleure. Nous trouvons de nouveau une sente et des traces de passage humain. Nous montons lentement, de nouveau enveloppés dans un épais voile de brouillard. La trace nous emmène trop à l’ouest et trop loin des falaises pour trouver un éventuel passage. Décision est prise de se rapprocher des falaises, ce qui nous oblige de monter dans un pierrier bien instable où chaque pas est difficile. Nous ne savons pas trop où nous allons, nous sommes trempés, le moral n’est pas très haut mais nous restons soudés. Un mince espoir de trouver un passage est présent en chacun et nous donne la force d’avancer. Fabien et moi imaginons déjà un plan de secours si nous ne trouvons pas d’issue. Finalement, Rémi, en tête, nous annonce une brèche qui nous permet de franchir la paroi. Nous arrivons au sommet soulagés, même si ne nous sommes pas encore au bout de nos peines. Un dernier choix s’impose à nous, soit continuer à monter puis redescendre soit redescendre puis remonter. Nous choisissons le second, pas forcément le plus court mais a priori le plus certain. Encore une heure d’effort, entre une descente glissante et une dernière montée finale et nous voilà enfin à la laguna Chillata à 16h. Nous y retrouvons Pierre qui s’est bloqué le dos dans la jungle et qui a donc écourté le trek. Quelle journée! 950m de D+ et 15km… on repassera pour les estimations! Bien éprouvante! Et ce n’est pas fini. A peine les tentes montées, il se met à pleuvoir des cordes. Nous rentrons chacun dans la nôtre et passons la fin de journée ainsi. Enfin, presque. Une petite accalmie nous permet de faire connaissance avec notre voisine, la laguna, qui était jusqu’au présent cachée par la brune. Nous découvrons aussi les alentours durant un court instant. Les paysages sont grandioses. Mais cela ne dure pas, le mauvais temps revient. Nous rentrons de nouveau au sec. La convivialité n’est pas vraiment au rendez-vous ce soir mais le froid et l’humidité ne laissent pas d’autres alternatives. Encore un succulent repas à base de pâté de pâtes, de tomates et de fromage et tout le monde sous le duvet. Colin et Gabi nous ont rejoints en soirée, après une montée épique. A vouloir prendre des raccourcis, ils ont bel et bien fini par se perdre. Heureusement pour eux, Pierre est allé à leur recherche.

Le réveil sonne. La nuit a été difficile pour tout le monde. Il n’a pas cessé de pleuvoir, les tentes et les affaires sont mouillées. Enfin humides pour certains, trempées pour d’autres. Les tentes louées à BaseCamp se sont transformées en piscine! Heureusement le soleil matinal nous accueille. Nous profitons de la vue pendant le petit déjeuner avant de prendre le chemin de la laguna Glaciar. Nous partons Pierre, Rémi, Fabien, Colin et moi tandis que Gabi et JM préfèrent rester au calme. Ils gardent les affaires, l’endroit n’étant pas réputé très sûr. Deux jeunes arrivés au petit matin rôdent d’ailleurs dans les parages. Ils ne nous inspirent pas grande confiance.
Il a neigé en altitude, nous ne savons pas jusqu’où nous pourrons monter. Le premier tiers de la montée se fait sur un beau sentier sans difficulté. Le soleil rasant du matin illumine la neige fraîchement tombée, le spectacle est chouette. La suite est plus délicate. Le chemin traverse des éboulis enneigés dont la trace est de plus en plus difficile à voir. Nous le perdons puis retrouvons des cairns un peu plus loin. La montée est de plus en plus raide et il est difficile de progresser sur les pierres glissantes. Nous avançons lentement et péniblement pendant 2h. Il est 11h15 et la laguna Glaciar est encore loin : 2 km et 100 m de D+. Avec Rémi et Fabien nous faisons demi-tour faute de temps alors que Pierre et Colin continuent. Il faut en effet que nous assurions le retour à La Paz le soir même. C’est la fin des vacances pour Fabien et JM qui ont un avion à prendre le lendemain.
La descente dans le pierrier détrempé est bien galère avec quelques belles glissades. La seconde partie passe vite. Lorsque la brume s’échappe nous profitons de beaux paysages. Nous arrivons à la laguna Chillata dans les temps impartis, partageons un pique-nique rapide puis nous filons JM, Fabien, Rémi et moi en direction de Sorata. Il est 14h et nous avons encore 3h de descente. Nous prenons un rythme soutenu que nous garderons tout le long. La descente, d’abord sur un joli sentier, puis sur une piste longue et sinueuse, passe assez rapidement. Nous profitons d’un taxi redescendant vide sur Sorata pour les 5 derniers kilomètres. Il s’est présenté au bon moment, avant que la lassitude ne nous gagne!
Nous voilà en un éclair à Sorata, déposés devant les minibus pour La Paz. Comme à chaque fois, nous sommes hélés par une horde de personnes voulant nous vendre des places. A peine le temps de faire une pause toilettes et achat de boissons que nous partons. Fabien et JM ont bien failli rester à Sorata!!

Cette fois-ci le mini est confortable et le chauffeur a une conduite agréable. Le trajet passe vite avec encore de splendides vues sur les sommets enneigés de la cordillera real avec les couleurs de fin de journée. Un régal !  Arrivés à 21h à l’appart, rangement des sacs et douche express, pasta party et champagne et au lit. Nous sommes tous épuisés mais une fois de plus enchantés de cette aventure Bolivy’s comme il se doit! Pour Fabien et JM, l’aventure bolivienne touche à sa fin. Elle aura été riche, diversifiée et épuisante! Nous avons vécu de moments forts, bien rigolé et toujours été un groupe soudé même dans les situations les plus foireuses. Comme d’habitude, nous sommes un super groupe !