Huayna Potosi v2.0 – The social experiment

6 mois que nous jouions à cache-cache avec le Huyana. 6 mois que nous attendions un weekend libre et un bon créneau météo, deux conditions qui, à la longue, semblaient impossibles à réunir simultanément en cette période.
La fin de notre expérience bolivienne approchant, il ne nous restait plus qu’un weekend potentiel pour se lancer à l’assaut de ce sommet. Pierre le connaissait déjà, moi pas encore. Après quelques hésitations, nous nous décidons la veille pour le lendemain : on se lance et on y croit !

Un plan transport imbattable dégoté dans la Sagarnaga (50 bs/trajet/pers), une location rapide de matériel et nous voilà presque parés pour l’aventure!

Nous sommes déposés samedi matin au pied du Huyana. Le ciel est dégagé et les températures douces : la chance serait-elle cette fois avec nous ? Nous n’allons pas provoqué les éléments et  filons sans traîner du Campo Base au refuge d’altitude Enselme Baud. Après deux petites heures de montée, nous voilà arrivés et accueillis par Sonia. Nous sommes les seuls dans ce petit refuge paisible et propret. Mais la tranquillité ne va pas durer. Le refuge sera complet pour la nuit… gloups! Nous n’y aurons jamais pensé en cette saison! De ses deux montées au refuge, Pierre n’avait jamais vu ça!
Un groupe de 22 boliviens plus 10 guides doit arriver dans l’après-midi… Oui oui les boliviens apprécient les organisations foireuses. Des déplacements en troupeau avec des guides peu formés pour réduire les coûts au maximum. La sécurité a un prix mais n’a pas de coût … c’est bien ça l’adage?! Un genre colo de vacances en haute montagne.

Nous profitons du calme avant la tempête. Enfin, tempête, il s’agit plutôt d’une tornade qui va débouler ! La nuit (enfin ce qu’il en reste) s’annonce mouvementée. Les groupes avec guides se lèvent à minuit pour un départ à 1h. Le baby-sitting prend du temps !
Autant dire que le refuge ne reste pas calme très longtemps.

Notre départ est fixé à 2h. Les températures sont relativement douces et la pleine lune éclaire les reliefs. Quelques décharges électriques au loin rajoutent un peu d’ambiance. Il n’est pas désagréable de sortir en pleine nuit par de telles conditions. Nous commençons l’ascension doucement mais sûrement. Pas facile de se mettre en marche! Les premiers groupes sont déjà loin. Ils nous feraient presque douter de notre timing. Nous rattrapons cependant assez vite les derniers. Après 2h de marche nous arrivons au pied de la 1ère difficulté. Un mur à 60° à franchir. Rien d’insurmontable mais un bouchon s’est formé. Les groupes montent péniblement les uns derrière les autres. Rien de mieux pour un bel effet domino!
Ben oui, malgré ce que laisse penser les agences dans la Sagarnaga (la rue touristique de La Paz), le Huyana n’est pas une promenade de santé. Un minimum de condition physique et d’habitude de la montagne sont nécessaires. Mais bon quand il s’agit de vendre tout et n’importe quoi aux touristes, ces détails sont accessoires. Nous avons partagé le transport aller avec un parisien qui a débarqué en jean, pull fin et petites chaussures. Il n’avait pas l’air de vraiment se douter de ce qu’il l’attendait!

Au-dessus de 5500 m la progression est de plus en plus laborieuse. Nous arrivons enfin sur la partie finale, différente de celle que Pierre avait prise. Encore un mur à franchir puis une magnifique arête de 200 m à passer. Impressionnante et bien gazeuse. Là encore, ce passage est d’une facilité déconcertante!!! A la portée de n’importe qui…

L’arrivée au sommet sous le soleil naissant mais déjà chaud est une belle récompense. Bien que surpeuplé, nous trouvons un petit espace pour admirer la magnifique mer de nuage au dessus de laquelle nous nous trouvons. Nous ne nous attardons pas car la descente se fait par le même itinéraire (ce qui signifie croisement possible sur une arête pas plus large que 50 cm… la sécurité avant tout…). Bref, nous sortons de là et profitons un moment des magnifiques paysages à la blancheur immaculée, loin des groupes.
La descente est splendide. Nous redécouvrons les paysages traversés à la montée. Après avoir redescendu le mur dans des conditions surréalistes, les guides nous poussant pour limiter l’attente, et lançant leurs clients au bout d’une corde, nous arrivons en un clin d’œil au refuge. Après une petite pause, nous redescendons jusqu’au Campo Base où nous attend notre transport. Note à moi-même : la prochaine fois, prendre une paire de chaussures autre que les chaussures d’alpi pour marcher dans les cailloux… .

Et voilà, une chouette première expérience d’alpi, dans un joli coin aisément accessible et dans des conditions optimales! Enfin en ce qui nous concerne et en fermant les yeux sur certaines pratiques vues autour de nous…