#MarParaBolivia – Encore une histoire d’eau

Ahh les méchants Chiliens

A l’ambassade, on m’avait dit de ne pas évoquer le sujet… Mais c’est comme dire a un enfant de ne pas jouer avec les allumettes… aujourd’hui ça a été plus fort que moi.

source: http://www.opinion.com.bo

En Bolivie, le 23 mars, c’est le jour de la mer (le carnaval est passé depuis un mois, il fallait trouver autre chose). Bolivie, pays qui a perdu son accès à la mer depuis 138 ans exactement cette année. Et à écouter le gouvernement, ne pas avoir accès à la mer, c’est le pire de tous les maux. A tel point que le gouvernement en a fait son fil rouge politique. Si quelque chose ne va pas, c’est parce que le Chili a “volé” l’accès à la mer aux Boliviens lors de la guerre du Pacifique (1879 – 1884). Qui frappa le premier, qui a cherché la bagarre ? Les deux pays ne sont toujours pas d’accord, 138 ans plus tard, sur les faits. Je vous renvoie à Wikipedia pour vous faire votre propre idée. En version courte, malgré l’alliance avec le Pérou, la Bolivie s’est vite faite retourner par le Chili. Et histoire de faire comprendre qui était le chef, les chiliens sont même remontés jusqu’à Lima (ils sont un peu redescendus après). Et conclusion de l’histoire, la Bolivie a perdu son accès à la mer.

Et toujours à l’heure actuelle, il ne se passe pas un jour sans que la presse n’évoque ce sujet d’accès à la mer… contrôle des médias par le gouvernement ? bourrage de crâne ? mais nooon, qu’est ce que vous allez chercher là!

En attendant, en ce 21 mars, notre Evo national a remis à la Cour internationale de Justice une demande en bonne et due forme pour que le Chili cède un accès à la mer à la Bolivie. Et il fallait bien fêter ça : Du coup, l’artère principale a été le cadre d’un défilé militaire, en particulier de la Marine (sisi, ils sont comme les Suisses, il ont une marine d’eau douce, sur lac! (mais ils parait que les Suisses ne font pas de procès à la France ou l’Italie pour avoir un accès à la mer, et qu’ils ne s’en portent pas si mal… )).

Bref, le 22 et 23, furent deux jours de défilé en l’honneur de la mer. Après le défilé des scolaires le 22 au matin, en fanfare et au pas militaire, avec des majorettes et jolis dessins naïfs #bourrageDeCrane, la soirée était dédiée au défilé des politiques, militaires et fonctionnaires… Qu’ils étaient mignons les fonctionnaires avec leurs petites banderoles #MarParaBolivia, #ElMarNosUne, leurs petits bateaux en papier, leurs drapeaux #MarParaBolivia (il y a un drapeau spécial), chantant tous en cœur l’hymne à la mer bolivien (sisi, ils ont même une chanson/marche militaire). Extrait, traduit:

En avant Bolivien,
marchons jusqu’à la mer,
que la patrie réclame,
le captif “Litoral”

Et Antofagasta et Calama,
reviendront à la patrie bolivienne

On a l’air de quoi avec notre p’tite Marseillaise! Et c’est sans parler des militaires avec leur avion en plastique pour l’aviation (un petit effet patrouille de France sur pattes!) et leur petit bateau en plastique pour la marine. Presque un air de 14 juillet…

Petit clin d’œil à la guerre du Pacifique, la tribune présidentielle était sur la Plaza Abaroa (au pied de mon ancien immeuble). Monsieur Eduardo Abaroa fut un colonel de l’armée bolivienne durant la guerre du Pacifique, qui aurait résisté avec ses troupes un peu mieux que ses autres collègues (un des rares héros boliviens de cette guerre, dixit Wikipedia…c’est pour dire). On lui doit la réplique suivante, qui a fait sa renommée, alors que l’armée chilienne l’encerclait et lui proposait de se rendre:

Rendirse ? Que se rinda su abuela, carajo!

. Qui se traduirait allègrement en français par

Se rendre ? C’est à votre grand-mère de se rendre, bordel de merde!

Ce furent ses derniers mots…

Le futur nous dira si la Bolivie obtiendra gain de cause sur ce dossier, mais vu de l’extérieur, ça ne parait pas gagné…